Connaissez-vous Bidart ?

Ne vous précipitez pas sur le Larousse en deux ou douze volumes, il vous dira simplement « petite station climatique et balnéaire à 8 km de Biarritz » définition bien sèche et anonyme que je me dois en toute modestie d’ailleurs de compléter.

Plantons les décors :

 Printemps 1959 : vous arrivez de Bordeaux en car, vous quittez la nationale en virant à gauche au Relais Franco Espagnol, vous passez sous le pont de chemin de fer, vous tournez à droite aussitôt …ou presque, un excellent conducteur y arrive du premier coup, un bon conducteur s’y reprend au moins à deux fois, vous continuez par un chemin étroit et légèrement montant, ensuite dernier virage à gauche pour garer le car ; là, à moins d’être Fangio ou l’abbé, nombreuses manœuvres obligatoires. Tout le monde descend et s’engage dans un chemin argileux à souhait, agrémenté de magnifiques ornières et pierres du pays en saillie sur lesquelles quelques chevilles flanchent, et pour couronner le tout un pourcentage de montée qui les premiers temps a laissé quelques conducteurs audacieux en équilibre.

 

Arrivés à l’endroit où cette magnifique avenue se transforme en sentier muletier, vous soufflez, vous épongez votre front et contemplez le paysage.

Magnifique ! Splendide ! Vue sur la mer ! Sur la montagne ! Sur la campagne ô combien vallonnée ! A ne pas savoir où donner du regard, avec cela un air vivifiant et tonique   (comme nous en aurons besoin).

C’est le moment choisi par l’abbé pour faire la grande surprise, de sa plus belle voix il déclare :

«  Messieurs vous êtes à la nouvelle colo, je l’ouvre en juillet. »

Quel art pour dire tant de choses en si peu de mots ! Car notre œil encore ébloui de tant de beauté s’abaisse alors sur un monument de vétusté, une antique ferme basque dans toute sa décrépitude. Elle est là, accrochée à la pente, avec ses vieux murs rugueux et gris soutenant un toit délabré.

Mais pénétrez, je vous en prie, par cette vaste porte aux vantaux mail joints, ne craignez pas l’obscurité, avancez prudemment, les gouttières sont nombreuses et la terre du sol battue depuis si longtemps, se venge en devenant traîtreusement glissante, ne reculez pas devant ce remugle puissant qui assaille vos narines, c’est une ancienne étable !

Suivez-moi par cet escalier en bois, attention aux marches à toutes les marches, voilà, ne vous redressez-pas, le plafond est très bas, voyez comme c’est vaste, là, dans ces quatre petites pièces à peu près closes, il y a encore des locataires, mais ils vont bientôt partir, sans difficulté.

Le tour du propriétaire est fait !

Vous voulez vous laver les mains, mais voyons, vous avez l’eau courante… là-bas à deux cents mètres au bout de ce pré qui descend à pic.

A quoi servent ces fils électriques aux extrémités dénudées qui pendent un peu partout ?

Mais ils remplacent valablement les meilleurs interrupteurs. Vous êtes déçus ?

Alors revenez en juillet.

 

Les amis des jeunes  mars 1961

 

 

 

 

 

 

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